01. Prologue

Leanne
« Allez, viens. T’as pas à t’inquiéter, Poudlard c’est cool. Et puis je suis là. Et les copains aussi. »
Elle regarde son ami avant de prendre la main qu’il lui tend. Le garçon brun aux lunettes sourit. Il savait parfaitement que Leanne avait peur de partir. Et c’était normal. Le premier départ faisait toujours cet effet-là. Mais elle était son amie et James n’allait pas la laisser tomber maintenant. Très vite, il la tira jusqu’au wagon où l’attendaient Sirius, Remus et Peter, ses trois amis. Tous l’accueillirent à bras ouverts. Elle n’avait rien à craindre avec les quatre-là veillant sur elle.

Gryffondor
« Je déteste ça. Cette fille est un amour et tout le monde profite de sa maladresse. Surtout ces foutus Serpentards. Et je peux même pas veiller sur elle comme je me le suis promis. »
« Alors, trouve quelqu’un qui peut le faire pour toi. Quelqu’un en même année qu’elle. »
« Très drôle Black. »
« Je suis sérieux. Tiens, prends Jillian et Zack par exemple. Ils s’entendraient parfaitement avec elle. »
« Ils l’effraieraient oui. »
« Elle a pas eu peur de nous. »
« … »
« Tu sais que j’ai raison. »
« Mouais. »
« Embarque Louis avec eux. Il saura s’attacher à elle. »
James posa le regard sur le trio de Gryffondor. Dans le fond, son meilleur ami n’avait pas tort. Ces trois-là s’entendraient parfaitement avec sa Leanne. Et ils pourraient veiller sur elle bien mieux que lui, bien qu’il n’arrêterait jamais de le faire. Après tout, c’était à cause d’elle qu’il avait commencé à s’attirer des ennuis auprès des verts. Il soupira, se leva et alla leur parler. Oui, il prenait la bonne décision.

Complicité
« Leaaaaaaaa ? »
La blonde lança un regard suspicieux. Lorsque Jillian arrivait comme une furie en prononçant son prénom ainsi, elle savait parfaitement ce qui allait arriver derrière.
« Non. »
« Mais je t’ai encore rien dit ! »
« C’est non quand même. J’adore vos blagues, celles de James et les garçons aussi mais il est hors de question que je participe encore. J’ai fini à l’infirmerie la dernière fois ! »
La Gryffondor se renfrogna en faisant la moue.
« T’es pas drôle. »
« Tu le penses pas. Et en fait, j’ai une solution pour toi. »
Un sourire complice passa sur le visage de la lionne. Elle était toute ouïe. Leanne lui fit signe de s’asseoir à côté d’elle puis lui indiqua une jolie brune installée un peu plus loin à la table des Poufsouffles.
« Je ne sais pas si tu connais bien Primrose mais j’ai eu l’occasion de parler avec elle et je pense qu’elle sera plus que d’accord pour vous assister. »
Jillian craqua ses doigts. Les affaires reprenaient.

Secret
« J’ai entendu dire que t’avais été mise en binôme avec mon frère en potions. »
Leanne referma rapidement le parchemin qu’elle avait dans les mains alors que Sirius s’installait en face d’elle.
« Euh, oui. »
« Méfie-toi de lui. Il est habile avec les mots. Il manipule facilement les gens. »
« Moi aussi, je suis habile avec les mots. Je ne vois pas pourquoi tu t’inquiètes. »
« Parce que t’es plus naïve que lui. Fais attention quand même. »
Elle sourit. Il lui ébouriffa les cheveux et repartit aussi vite qu’il était venu. Elle rouvrit le parchemin. S’il était aussi habile avec les mots que le prétendait Sirius, pourquoi ce qu’elle lisait alors était si mauvais ? Son regard se posa sur Regulus Black, assis un peu plus loin. Elle prit son courage à deux mains.
« Tu as laissé ça sur la table ce matin. »
« Merci. »
Il n’avait même pas relevé la tête. Elle se mordit la langue. Devait-elle… ? Elle allait le regretter. Elle s’assit en face de lui et il daigna enfin la regarder.
« Je… J’ai lu ce que tu as écrit. Et… Ca me trotte dans la tête. Je t’ai connu plus doué avec les mots. Je peux t'aider si tu veux. »
« De quel droit as-tu lu ce parchemin ? »
Elle s’était attendue à tout sauf à ça. Elle n’aurait pas dû. Elle avait empiété sur la vie privée du Serpentard et elle était encore en train de le faire. Il fallait remettre les points à égalité. Elle sortit un carnet de son sac et le lui tendit.
« Tu as raison. Je n’aurais jamais dû. Ce sont mes textes. On sera quittes après ça. »
Il la regarda sans toucher au carnet. Elle le posa et quitta la bibliothèque. Leanne ne revit son carnet qu’au dîner, lorsque Regulus le déposa devant elle en rejoignant la table des Serpentards. Dedans, un petit mot griffonné sur un bout de parchemin. « Tu as une très belle plume. J’aimerais que tu m’aides à réécrire mes chansons. Rendez-vous à 22h en salle de musique ce soir si tu acceptes. » Elle serra le papier dans sa main en souriant. Bien sûr qu’elle acceptait.

Espionnage
Il referma la porte de la salle commune derrière lui le plus discrètement possible. Il avait l’habitude de rentrer tard. Le plus important, c’était de ne pas se faire attraper. Raison pour laquelle il ramenait toujours Leanne à sa salle commune avant de rejoindre celle de Serpentard. Il n’avait cependant pas prévu qu’une petite tête allait se relever du canapé. Une tête qu’il connaissait bien. Il ne restait plus qu’à la jouer fine.
« C’est à cette heure-ci qu’on rentre ? »
« T’es pas ma mère. »
Elle sourit. Il lui avait sorti cette question un nombre incalculable de fois, c’était de bonne guerre.
« Plus sérieusement. Tu vas devoir m’expliquer ce que tu faisais avec une Poufsouffle toute la soirée. »
Regulus se raidit.
« Tu m’as suivi ? »
« Tu ne répondais pas aux questions. »
« Ce n’est pas une raison. »
« Une Poufsouffle, Reg’ ! Et Swank qui plus est ? La victime de l’école depuis des années ! Sérieusement, ne me dis pas que c’est ta copine parce que là, je vais clairement faire une syncope. »
Il vint la rejoindre sur le canapé.
« Parle moins fort. C’est une amie. Elle m’aide avec mes chansons. Elle a beaucoup de talent. »
Elle le regarda d’un air suspicieux.
« Quoi ? »
« T’as l’air trop attachée à elle. »
« On ne bosse que sur des chansons. »
« Mouais. Fais attention. C’est une Poufsouffle, sympathisante des nés-moldus en plus. Tes parents ne peuvent pas l’apprendre. Tu sais comment ça finit. »
« Oui. C’est bien pour ça que je n’avais rien dit jusque là. Et je compte sur toi pour que ça reste ainsi, Stella. »
Elle hocha la tête. Regulus avait toujours été différent des autres Serpentards. Il n’y avait pas sa place et elle connaissait très bien ce secret parce qu’il était un peu le sien aussi. Ils se protégeaient l’un l’autre finalement. Et avoir un allié dans une maison où régnait la sournoiserie, ce n’était pas de trop. Alors oui, le secret de son ami était bien gardé. Elle serait même capable de le couvrir.


Alliance
La porte s’ouvrit à la volée et les deux jeunes gens écarquillèrent les yeux. Ils étaient morts. Un an qu’ils réussissaient à cacher leurs rencontres à tout le monde et cette fois, c’était foutu. Il n’aurait jamais dû jouer du piano…
« Vous ne devriez pas être ici. »
Leanne baissa les yeux. Regulus croisa le regard de la préfète.
« En effet. »
« Je vais devoir enlever des points à vos maisons. Et vous raccompagner à vos dortoirs. »
« Fais donc. »
Leanne donna un coup de coude au Serpentard qui l’interrogea du regard.
« Arrête de la provoquer. »
« On a été pris en flagrant délit Lea. On pourra rien faire pour s’en sortir. »
« Défaitiste. »
Il sourit. La préfète assista à la scène d’un œil amusé. C’était bien la première fois qu’elle voyait un Serpentard et un Poufsouffle dans la même pièce sans qu’ils s’entretuent. Pour le coup, ça attisait sa curiosité.
« Que faisiez-vous ici ? »
Les deux complices se regardèrent. Leanne haussa les épaules.
« De la musique. Il compose les musiques au piano et j’écris les paroles. »
« ON écrit les paroles. »
« Tous les deux ? »
« Oui. »
« Ca fait longtemps ? »
« T’es bien curieuse. »
« Un peu plus d’une heure. »
« Leanne ! »
« Quoi ? Tu sais pas encore que les Serdaigles sont curieux ? »
« Rentrez dans vos dortoirs immédiatement. Sans arrêt, sans détour. »
« Je croyais que tu devais nous accompagner ? »
« Je pourrais changer d’avis si vous traînez encore. »
Ils ne se firent pas prier deux fois.
« Merci. »
« Ne me remerciez pas. »
Leanne s’arrêta à hauteur de la Serdaigle alors que Regulus avait continué sa route. Il s’arrêta un mètre plus loin en voyant qu’elle ne suivait pas.
« Leanne, on y va ! »
Elle hocha la tête.
« Ne dis rien, s’il te plait. »
« Je n’ai rien vu. »
Un sourire naquit le visage des trois personnes. Ils avaient gagné une alliée.

Héritage
« Elle va nous détester. »
« Probablement. Tu hésites de nouveau à leur donner la carte. »
« C’est pas toi son meilleur ami de base, tu le sais ? »
« Ouais mais c’est avec mon frère qu’elle traine et clairement, j’allais pas rester là sans au moins veiller sur elle comme tu le fais depuis tant d’années… »
« Elle va nous détester. »
La conversation tournait en rond. Bien sûr qu’elle allait les détester. Peter écoutait la conversation avec passion, sans intervenir. Comme à son habitude, il aimait voir James et Sirius se torturer l’esprit jusqu’à trouver une véritable solution. Remus, derrière son livre, souriait en faisant semblant d’écouter. Il savait très bien ce qu’il se passait dans la tête de ses deux amis. Lui non plus n’interviendrait pas. Il savait parfaitement comment ça allait finir.
« Lea va me tuer… »
« Pourquoi donc te tuerais-je ? »
James et Sirius se tournèrent vers la petite tête blonde qui venait d’arriver. James ouvrit la bouche puis la referma, Sirius passa la main dans ses cheveux, Remus ferma son livre, attentif et Peter attendait en souriant. La conversation allait être intéressante.
« Okay, assieds-toi. Faut qu’on te parle. »
« Très bien… »
James s’assit face à elle, dans l’herbe. C’était la dernière journée de cette année. Leur dernière année ensemble. L’année prochaine, Leanne retournerait à Poudlard sans les Maraudeurs, seulement avec les amis qu’elle s’était au fil des années. Et Regulus Black. C’était de ça qu’ils voulaient lui parler. De ça, de la Carte du Maraudeur et de ce qu’ils léguaient à la bande. Le Gryffondor ne savait pourtant pas par où commencer. Il chercha du soutien dans le regard de ses amis.
« Okay, James, tu commences à me faire peur, alors dis ce que tu as à dire sans aucun tact s’il le faut, je m’en fiche. Je te connais. »
« Est-ce que tu sors avec mon frère ? »
« Sirius ! »
« Quoi ? »
James et Leanne avaient crié au même moment. Sirius leva les bras en l’air.
« Tu savais pas quoi dire, j’ai pris les devants ! »
« Non mais là t’as mis les pieds dans le plat ! »
« STOP ! Non, je ne sors pas avec Reg’. Par contre, je voudrais bien savoir comment vous savez que je lui parle parce que la seule personne qui est au courant pour nous s’appelle Arya et elle est à Serdaigle. »
James sortit la carte du Maraudeur et sa baguette.
« Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises. »
Il mit ensuite la carte entre les mains de son amie. La Poufsouffle l’observa avec attention. Elle comprit que la carte était ensorcelée, dévoilait les moindres recoins de Poudlard et que chaque personne était identifiée dessus. Du pur génie. Digne des Maraudeurs. Cela expliquait aussi comment ils avaient fait pour ne jamais se faire attraper par Rusard.
« Ca fait combien de temps que vous êtes au courant ? »
« Depuis le début. »
« Je ne te crois pas. Vous connaissant, vous lui auriez déjà fait la misère pour avoir osé s’approcher de moi ! »
« Remercie Remus pour ça. »
Elle se tourna vers le jeune homme. Leanne avait toujours su que Remus les ramenait à la raison mais elle ne s’était jamais rendue compte à quel point il en était capable. Elle lui sourit et il hocha la tête en retour.
« Je pensais que tu finirais par leur dire, en temps voulu. Mais ça n’est jamais arrivé. Ca n'a pas toujours été facile de les contenir, tu sais. »
« J’avais peur. Je n’ai jamais su comment vous le dire. Rien qu’à entendre Sirius parler de son frère, je me suis dit que vous alliez m’en vouloir, que vous alliez lui faire du mal parce qu’on était amis… J’avais peur que vous ne compreniez pas… »
Elle baissa les yeux. James se glissa à côté d’elle et la prit dans ses bras.
« Tu es ma petite sœur Leanne. Jamais on ne t’en aurait voulu. Ne pas comprendre, oui probablement parce qu’on ne comprend toujours pas. Mais jamais on ne lui aurait fait du mal si tu nous avais dit qu’il était ton ami. On aurait fait ce qu’on a fait tout de même : veiller sur toi. »
« Ils arrivent Cornedrue. »
« Okay. Faut qu’on te dise autre chose. On va vous laisser la carte. C’était pour ça qu’on voulait te parler avant de Reg’. Il faut que tu leur dises aussi. »
« Jamais. Ils détestent Reg’. Tu connais l’animosité entre Zack et lui. »
Le gryffondor leva la tête au ciel. Il allait lui dévoiler une dernière chose lorsque Zackary, Jillian, Ludwig et Primrose débarquèrent.
« Lea’, qui est mort ? »
La Poufsouffle éclata de rire.
« Personne. »
« Parfait. Bon je sais que c’est la dernière fois qu’on se voit tous. Donc je suppose que vous avez un plan pour faire que l’école se rappelle de nous tous ensemble une dernière fois. C’est pour ça qu’on est là ? »
« Presque Jill. Lea’, si tu veux bien. »
Elle tendit la carte à son amie. Les trois gryffondors et la poufsouffle qui venaient d’arriver se penchèrent dessus pour la découvrir à leur tour.
« Vous allez vraiment nous laisser ça ? »
« Ca s’appelle la Carte du Maraudeur. Oui, on vous la laisse. Enfin, plus exactement, on la laisse à Leanne mais on sait très bien qu’elle vous sera utile à tous.»
Pendant que tout le monde s’extasiait de son côté, Leanne restait pensive. Elle profita des explications de Sirius pour s’éloigner un peu du reste de la bande. Certes, les Maraudeurs lui léguaient la carte mais elle avait toujours un problème. James la rejoignit.
« Un dernier conseil en attendant de trouver les mots. Septième étage, face à la tapisserie de Barnabas le Follet. »
« Il y a quoi là-bas ? »
« La seule salle qu’on n’a pas pu répertorier sur la carte. Il suffit de passer trois fois devant la tapisserie en pensant à ce dont vous avez besoin. Une salle de musique par exemple. C’est la meilleure cachette de Poudlard, elle nous a sauvés plus d’une fois. »
« Merci. »
« De rien. Par contre, je compte sur toi cet été pour nous raconter tout dans les détails ! Je veux savoir comment tu as pu adoucir le cœur d’un Serpentard ainsi. »
Leanne sourit, les larmes aux yeux. Elle prit James dans ses bras. Ils étaient les meilleurs amis qu’elle puisse avoir. Poudlard n’avait qu’à bien se tenir. Même si les Maraudeurs partaient, ça n’était pas fini.